Extrait du livre :
LA CHARENTE COMMUNALE ILLUSTREE
1868
Commune de Mainzac
« Encore un pays perdu, sans voies de communication. La commune a 1,129 hectares et 387 habitants seulement. Le terrain est sec et ne pouvait nourrir de bestiaux avant l’introduction de la culture des prairies artificielles ; l’eau y est rare et ne se trouve que dans des mares ou des citernes. Les vignobles y donnent d’excellents produits, et les grains y sont de bonne qualité.
Ce ne sont pas pourtant les seules ressources du pays, qui possède des minerais de fer en quantité et en qualité supérieure.
J’ai peu de chose à dire du petit bourg, chef lieu de la commune qui ne contient que 21 habitants, est à dix-sept kilomètres de Montbron et à trente d’Angoulême.
Son église est un ancien prieuré brûlé durant les guerres de religion et restauré récemment par un maçon. Mainzac dépendait il y a quelques années de Charras pour le culte. Il y a aujourd’hui un desservant, à qui la commune a fait construire un fort joli presbytère.
Ici peut se placer une observation.
Dans le canton de Montbron, j’ai remarqué que les naturels du pays professaient une indifférence profonde pour le nom de famille de leur curé. Demandez à ces gens-là comment s’appelle M. le curé, ils répondront invariablement : « M. le curé. » Impossible d’en tirer autre chose.
L’homme leur est étranger ; la fonction seule les intéresse.
Je visitai l’église, restaurée comme vous savez, et m’arrêtai, étonné, devant les modillons de l’entablement du bas-côté de gauche. Des figures grimaçantes et grotesques me donnèrent à penser que l’édifice renfermait encore des débris curieux de l’art roman. Je fût bientôt détrompé. A part l’abside et la voûte du clocher, qui sont intactes, le reste du monument a été mutilé et grossièrement reconstruit. L’ornementation intérieur est pauvre ; la chaire est mesquine et le seul tableau important, un Christ au tombeau, n’est qu’une toile médiocre, aux couleurs effacées. Au-dessous du chevet de l’église existe une crypte où l’on descend par une sorte de trappe situé dans la nef. La voûte est soutenue par quatre colonnes trapues et la lumière y vient par une fenêtre étroite au-dessous de l’abside. Cette crypte doit être du XIe siècle, bien antérieure à l’église actuelle.
L’atmosphère sépulcrale qu’on y respire ne permet pas d’y faire un long séjour ; on y foule la poussière humaine que plusieurs siècles y ont entassée.
A côté de l’église est le château, ou du moins un vaste bâtiment que l’on désigne sous ce nom pompeux. Il appartient à la famille de Formel. Je ne dirais rien de cette bicoque, n’étaient trois superbes ormeaux, plus vieux qu’elle peut être, qui ornent la petite place en face de l’entrée. L’un de ces vénérables patriarches du règne végétal ne mesure guère moins de huit ou de neuf mètres à la naissance des branches. Le feu s’y mit, dit-on, il y a quelques années; mais le géant tint bon, et c’est à peine s’il porte les traces de l’éléments destructeur. Avant peu un de ces colosses aura disparu ; son tronc entr’ouvert n’a plus de chevelure, mais il brave encore le temps.
De Mainzac, situé sur la hauteur, on aperçoit presque tous les villages de la commune, anciens fiels dépendant de la seigneurie de Charras.
Ce sont Faurias (49h), Ferdinas (40h), où se trouve un petit lac dont les eaux fournissent aux besoins de presque toute la commune ; Puymasson (30h), La Ferrière (39h), Chevalerias (23h), La Combe (18h), Le Rocher (20h), Reymondias (16h), où l’on voit un joli château, siège d’une châtellenie qui fournit deux maires à la ville d’Angoulême : Pierre Chapiteau ( 1570 ), Denis Chapiteau (1586 ) ; Le Brouillat (21h). Le territoire de ces deux villages fournit le meilleur minerai du pays. Citons encore la Voûte (16h) et Les Breuils (18h), et nous aurons donné sur la commune tous les renseignements possibles »
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Rédacteur en Chef : M. ALCIDE GAUGUIE
Professeur d’Histoire et de Littérature (cours spécial) au Lycée impérial d’Angoulême.